Pourquoi faire étudier deux graphèmes simultanément ?
Chaque semaine, selon les préconisations du Guide orange, deux graphèmes (ou groupements de graphèmes renvoyant à un même phonème) sont étudiés. Nous avons fait le choix de les étudier simultanément, dès le début de la semaine pour plusieurs raisons.
- Comme pour tout objet qui nous entoure, le phonème associé à chaque graphème peut être défini par ce qui le caractérise en propre ou par ses différences avec d’autres qui lui sont proches. Dans ce même esprit, les graphèmes choisis pour chaque leçon correspondent à des phonèmes proches dans leur sonorité, mais avec de légères différences qui ne mobilisent que peu de repositionnement des organes phonatoires.
- À l’instar des gammes que l’on fait en musique, si l’on ne travaille les notes que de manière isolée et disjointe, on a du mal à donner toute son ampleur à la musique globale. Ce n’est que par la mise en opposition et en complémentarité des notes que l’on peut construire le relief de la musique. De même avec les phonèmes, les travailler pour ce qu’ils sont chacun, en miroir avec d’autres qui leur sont proches, renforce et consolide leur identification, leur reproduction et leur mémorisation.
- Dans ce même esprit de combinaison pour une meilleure harmonie, les graphèmes proposés au sein d’une même leçon s’articulent fréquemment entre eux dans les mots du lexique courant (fr… ; jou… ; nui… ; cher…). Tous les supports associés étayent cette appropriation (les vidéos de prononciation des phonèmes associés aux graphèmes, les virelangues mobilisant simultanément les deux phonèmes, les manipulations associées de cartes graphèmes).
Ainsi toute la semaine, dans tous les exercices, ces deux graphèmes sont mobilisés régulièrement et simultanément afin d’affiner leur décodage et leur mémorisation morphologique et de mettre en valeur les similitudes et les différences pour une meilleure définition et maîtrise de chacun d’entre eux.
Une telle approche est bénéfique pour l’élève comme pour l’enseignant.
Gains pour l’élève
- En étudiant les deux graphèmes pendant les quatre jours de la semaine, les élèves y sont confrontés plus longuement que s’ils les étudiaient sur une durée de deux jours de manière disjointe, successivement. Ils disposent ainsi de quatre jours pour exercer, expérimenter, s’approprier ces deux graphèmes au lieu de deux jours. La fréquence de leur mise en scène et de leur mobilisation est donc renforcée.
- La compréhension et l’identification des spécificités de chaque graphème sont renforcées par leur étude comparée qui révèle comment chacun est constitué et en quoi il se singularise. L’élève y gagne en richesse de ses représentations mentales (ce qu’il est/ce qu’il n’est pas).
- Ces défis de mise en opposition et de recherche de différences sont autant de moyens de stimuler la motivation et l’intérêt de l’élève.
Gains pour l’enseignant
- L’enseignant, comme les élèves, dispose d’un champ de confrontation des deux graphèmes pour mieux faire percevoir les spécificités de chacun, les postures phonatoires propres à chacun leur permettant de produire les phonèmes associés, leurs différences et leurs complémentarités.
- Les élèves s’entraînant deux fois plus longtemps sur ces graphèmes, l’enseignant dispose ainsi de deux fois plus de temps pour identifier les difficultés des uns ou des autres, et apporter des situations complémentaires d’aide et de déblocage à ceux qui en ont le plus besoin.
- L’organisation des séquences que nous proposons laisse un maximum de temps à l’enseignant tout au long de la semaine pour accompagner de manière ciblée et adaptée les groupes de besoins et leur apporter le juste niveau d’étayage qui convient à chacun.
Quels graphèmes associer ?
- Les associations de graphèmes dans une même leçon correspondent à des phonèmes pour lesquels la position des organes phonatoires est très proche. Le changement effectué pour passer de l’un à l’autre ne concerne qu’un seul élément phonatoire, ce qui permet de prendre conscience de leur rôle et de leur impact.
- Nous suivons les recommandations du Guide orange et notre répartition par période, ainsi que la chronologie dans la période, lui correspondent presque exactement (à une exception près : nous remontons en période 1 deux nasales très fréquentes (m et n) pour alimenter la richesse des mots et fournir des éléments de comparaison phonologique, afin de renforcer la maîtrise des organes phonatoires consciente chez les élèves).