Les ateliers en étude de la langue, ça vaut le coup de se lancer !
Mohand est professeur des écoles depuis 5 ans. Depuis la rentrée 2019, il est directeur de son école et en charge trois jours par semaine d’une classe de CM1 en Ile de France. Il nous fait part de son expérience de la méthode Enquêtes au CM1.
Comme proposé dans le manuel, vous menez des séances de travail en ateliers pour introduire les notions d’EDL. Est-ce que c’est difficile à mettre en place ?
Au contraire. Le principe : se lancer, ne pas se sentir obligé de suivre toujours les mêmes modalités, pas plus de 10 min par atelier, c’est pas la peine. Une fois que c’est ritualisé, il n’y a plus rien à expliquer !
Expliquez-nous plus en détail comment vous travaillez en ateliers dans votre classe…
Je fais une séance longue une fois par semaine, le jeudi après-midi. Cette séance longue est organisée en ateliers. Je me suis confectionné un tableau avec les quatre ateliers A, B, C, D et les noms des élèves : ils doivent cocher les ateliers qu’ils ont faits.
Je varie souvent les modalités d’atelier pour faire progresser tous les élèves.
En début d’année, j’ai commencé à faire des ateliers avec des groupes hétérogènes, avec un temps de 10 minutes par atelier pour qu’ils travaillaient en groupe en temps limité. Puis j’ai affiné : j’ai pratiqué l’atelier individuel pour identifier mes groupes de besoins, puis j’ai varié les modalités : en groupes hétérogènes, ou en binômes, ou en groupes plus homogènes… selon les notions.
Je privilégie les ateliers fixes, mais j’ai aussi fait des ateliers tournants, en m’inspirant des conseils dans le guide pédagogique. Dans les ateliers fixes, les élèves sont en groupe et se focalisent sur un seul atelier, par exemple « Identifier un réseau de mots », et toutes les dix minutes, je les change d’atelier. Ça permet de se concentrer sur l’atelier sans avoir à refaire les groupes.
Il y a deux semaines, j’ai testé des ateliers de 40 minutes. Certains étaient en totale autonomie et devaient faire les 4 ateliers en 40 minutes : ils avaient le manuel, ils connaissaient les ateliers et les consignes… On avait aménagé un « coin regroupement » pour que je puisse faire le point avec eux. En parallèle, j’avais un groupe de besoin que j’accompagnais dans les ateliers. Avec cette organisation, je peux passer plus de temps avec ceux qui en ont besoin.
Il n’y a pas de modalité plus performante qu’une autre ou plus efficace. Tout dépend du profil de vos élèves.
C’est très important de s’adapter au profil de l’élève. Par exemple, j’ai un élève « non parleur ». Je peux difficilement le mettre dans un groupe autonome, dans la mesure où il risque d’avoir honte de ses lacunes, de se renfermer et ne pas parler du tout. Ce type d’élève, il faut que je le prenne en petit groupe. J’en ai d’autres qui comprennent tout, tout de suite et je peux les laisser en autonomie. La diversité des profils ne m’empêche pas de préférer les ateliers de groupe. Même s’ils demandent un travail plus conséquent car il faut être très présent, passer dans tous les groupes, s’assurer que tout le monde puisse prendre la parole et être écouté par ses camarades… Avec ce type d’exercice, les élèves peuvent être rapidement « noyés dans la discussion ». S’ils sont perdus, ils parlent moins et à la fin de l’exercice, ils n’ont pas forcément assimilé la notion abordée. Finalement, il faut être à l’écoute de ses élèves. En principe, j’essaye de revenir sur les ateliers le lendemain avec ma classe. Cela me permet de vérifier les conclusions tirées par les élèves et d’adapter les prochains entraînements.
Il faut s’organiser pour mieux moduler et s’adapter aux besoins de sa classe.
Un bon moyen de ne pas perdre le fil et de suivre correctement la progression de ma classe, c’est d’élaborer un plan de travail individuel, avec les notions, les exercices et le nom des élèves. Cela me permet de voir très rapidement ceux qui vont très vite et qui sont prêts pour le travail en autonomie, et ceux qui ont encore besoin de l’aide de l’enseignant et d’un peu plus de temps. C’est de la différenciation à faire en classe. C’est à l’enseignant de moduler en fonction de sa classe et de ses élèves mais aussi de s’approprier le manuel et de l’adapter au profil de sa classe. Enquête au CM1 permet vraiment ce type de modulation et de différenciation.
Voici un exemple de démarrage d’une séance longue en ateliers : « Le dictionnaire », ateliers fixes avec synthèse finale
Former les groupes, expliquer simplement la règle du jeu : présenter chaque atelier ainsi que le matériel à disposition.
Top départ des ateliers, avec conseils de l’enseignant qui réexplique aux élèves ce qu’on attend d’eux au cours de la restitution.
Entre chaque atelier, ramener le calme par des transitions très courtes et remotiver les élèves en difficulté.
Certains élèves s’organisent et progressent en toute autonomie, préférant constituer des binômes complices.
D’autres s’épanouissent au sein d’un groupe : les ateliers favorisent le dynamisme et l’implication des élèves.
Ayant acquis de la confiance, les élèves débattent sur le rôle de chacun dans l’atelier.
L’implication et l’engagement des élèves grandit tout au long des ateliers : on les voit engager un débat inattendu sur les raisons de l’orthographe de [ver].
Un élève confie sa logique, source d’erreur sur l’orthographe de « ver » (de terre).
Après tous ces échanges, une conclusion commune rédigée à 4 mains.
Une autre collaboration aboutit à un tableau bien rempli.
Le rôle de l’enseignant : pousser chaque élève à donner le meilleur de lui-même, en fonction de son point de départ.
Des élèves capables de verbaliser leurs erreurs, un enseignant qui adapte ses relances pour amener les élèves à donner le meilleur d’eux-mêmes.
Le rôle des comptes rendus : pour voir les élèves comprendre ce qu’ils ont appris en reformulant leurs ateliers.
Une conclusion parfaite réalisée en toute autonomie.
Entrer dans une activité peut s’avérer difficile, qu’il s’agisse d’une organisation en atelier ou non. Mais chaque élève a un rôle à jouer dans une organisation en ateliers : ici avec l’aide de l’enseignant, qui invite l’élève en difficulté sur la tâche à être le rapporteur des découvertes de ses camarades
La restitution des ateliers par les élèves eux-mêmes permet de se rendre compte que les analyses et conclusions sont de qualité assez équivalente même si les groupes sont de niveaux différents.
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